Journal de bord OCEAN FIFTY GROUPE GCA -1001 SOURIRES - 13.11.2022
« Ces dernières 48 heures ont étés mitigées....
Après la molle du cap Finistère je me suis appliqué à cravacher pour rattraper les copains Ocean Fifty et ça a pas trop mal marché. J'ai fait du bon boulot avec une bonne vitesse et une bonne trajectoire Le premier front n'a pas été trop méchant et j'ai même pu me positionner au Nord à la sortie. Le groupe qui l'avait passé avant moi a subi des vents très mous.. et avec Christian Dumard, mon routeur, on les a forcément observé. On a vu que la bonne idée c'était de rester au nord la moitié de la flotte. Donc sur cette partie ça s'est bien passé.
J'ai pu rattraper mon retard et à l'approche du deuxième front j'étais plutôt bien positionné....
Mais voilà c'est toujours plus compliqué en réalité.. J'ai anticipé ma réduction de voilure car après le front 1 j'avais tout renvoyé... et avant la nuit qui s'annonçait difficile, je me suis dit que c'était une bonne idée... oui mais me voilà confronté à un souci sur la grand voile... le hook, système qui permet de bloquer la voile en tête de mât, ne marche plus.. impossible de garder la grand-voile... c'est démoralisant..
La mer est démontée, c'est difficile de bricoler sur le pont. La nuit est tombée et il fait noir. Ça secoue terriblement. J'en peux plus. Le front arrive avec des rafales annoncées à 34 noeuds... je me dis que je ne peux rien faire et que je vais passer le front sous trinquette seule... pas très excitant... je me traîne.. le moral en prend un coup.
Je me dis que je vais rien pouvoir faire avant le jour, que tous mes efforts pour revenir ont été anéantis. Et là mon équipe m'annonce le chavirage de Thibaut qui était en tête et qui avait déjà passé ce front. Là c'est les boules. Je l'imagine dans cette merde avec son bateau à l'envers. Il avait fait une superbe course jusque-là. Son rêve d'arriver en Guadeloupe, son deuxième pays , effacé en quelques secondes... et son bateau... tout le travail de lui et son équipe ravagé... c'est tellement triste... du coup gros coup de blues...
Et là le front passe en 5 minutes , le fait de n'avoir que voile d'avant du coup je suis moins stressé. Il a commencé à pleuvoir, le vent est monté à 30 nds et puis plus rien, le vent a tourné à 60 degrés d'un coup...la bascule est tellement franche... je vire sous trinquette et je commence à faire du sud.
Je vois les copains se barrer et je me dis que je peux pas rester comme ça.... Il fait noir mais la mer n'est pas trop dure... je me dis que la seule chose à faire c'est de travailler et trouver la solution... sinon c'est la fin...
Là a commencé une longue séance de bricolage et de sport.... Je monte sur la GV je démonte le chariot de la voile du mât .... Des latching à défaire, des bouts à pas emmêler.. et j'emmène le chariot à l'abri avec des lampes torches pour l'opérer.
Je crois avoir trouvé, je remonte toute l'opération inverse et je hisse la GV..... et ça ne marche pas...
J'affale... je redémonte, tout parei, l'escale sur la bôme forcément ça fait partie de la séance de sport.... Et je refais tout pareil.... Je réinstalle, je réhisse... je vous l'a fait courte j'ai fait tout ça 5 fois avant de trouver la technique pour remonter correctement le chariot et que ça marche....
Après 4 heures le bateau refait route avec GV haute et J1. Le vent est bien tombé et je suis éreinté.. j'ai perdu pas mal sur les copains.... Mais je suis en course.. j'étais obligé d'y arriver sinon c'était fini...
Après je relativise en pensant à Thibaut.
Il y a beaucoup de bazar au niveau des bouts sur le pont... un vrai chantier..
Je descends boire je suis assoiffé et je peux enfin me reposer... le pilote a beaucoup de mal ... c'est pas terrible.... Du coup je me relève et je décide de réduire les voiles... le hook marche... ouf et je pars au reaching plein sud vers le soleil et les alizés...
Au petit matin ya pas mal de grains, je suis vigilant mais la sortie est pour bientôt ! »